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Temoignages - gueris

Franck

par Admin

Témoignage de Frank

Bonjour à tous et toutes,

Je suis arrivé sur ce forum il y a 4 mois. J’ai 18 ans. J’étais alors PS depuis 2 ans sans le savoir. Maintenant je pense être quasiment sorti de la PS. J’ai encore des problèmes relationnels, mais ils ne peuvent plus être assimilés à de la PS. Vos messages m’ont beaucoup apporté, je vous en remercie. Un grand merci aussi aux modérateurs.
Maintenant je ne ressens plus ce besoin de conseils ou de réconfort qu’apporte ce forum. J’ai donc décidé de me désinscrire du groupe, mais avant ça je souhaite témoigner de mon parcours, en espérant que cela puisse servir.

Depuis tout petit j’ai eu des problèmes relationnels, surtout à l’école avec mes camarades de classe. J’avais toujours des relations conflictuelles avec eux, et je m’ennuyais à l’école car je comprenais plus vite que les autres. J’attendais donc le soir avec impatience, et dès sorti de l’école je courais à la maison où je pouvais jouer seul dans ma chambre. C’est ça qui me plaisait. Grâce à ma mère, j’ai quand même vu des jeunes de mon âge en-dehors de l’école, d’abord parce qu’elle me disait de sortir pour aller jouer dehors avec les autres, puis ensuite parce qu’elle m’a inscrit à de multiples activités extra-scolaires.
Jusqu’à 10-12 ans, ça n’a jamais été un plaisir pour moi de voir d’autres jeunes de mon âge. Je ne les fuyais pas vraiment mais je ne les cherchais pas non plus. Ce qui fait que je n’ai pas développé certaines aptitudes de communication, de dialogue, d’affirmationde soi et de respect de l’autre. Et arrivé vers 12 ans, j’ai commencé à m’en rendre compte.
J’ai commencé à me sentir inférieur aux autres, à accepter qu’il me fallait me battre tout le temps pour « être accepté », que les autres ne viendraient pas vers moi. Et j’ai continué comme ça jusqu’à 15-16 ans, devenant très « collant » pour les autres, m’incrustant dans des groupes, etc. A ce moment-là j’ai ressenti la honte. La honte de ne pas m’intégrer correctement mais de toujours forcer les autres à supporter ma présence. Et petit à petit j’ai abandonné toute situation dans laquelle je n’étais pas certain d’être à ma place, allant jusqu’à éviter les téléphones, marcher dans la rue la tête baissée, n’entrer que dans les très grands magasins, et encore avec l’impression de passer pour un voleur à ma façon de marcher, de regarder les autres. Bref je suis devenu phobique social, petit à petit, sans vraiment m’en rendre compte. Je m’inquiétais de ne pas avoir d’amis ou de petite amie, mais jamais de ne pas oser faire un téléphone. Surtout je me sentais déprimé, rien n’avançait, et plus je me sentais mal plus je devenais phobique social. Je passais mon temps à me demander ce que je devrais faire pour que ça aille mieux, à ramener les mêmes idées négatives dans ma tête. Je voyais tout en noir, je ne me voyais aucun avenir relationnel, j’essayais de « vivre avec ».

En faisant une recherche sur la dépression, début décembre, je suis tombé sur la phobie sociale et je m’y suis tout de suite reconnu. De là, je me suis inscrit sur ce groupe, et j’ai lu des bouquins sur « comment sortir de la phobie sociale » et j’ai appliqué tous leurs principes à la lettre, abandonnant l’idée de me sortir seul de mes problèmes, comme je l’avais toujours fait sans succès, surtout depuis 2 ans.

Les grandes idées que j’ai retenues et qui m’ont aidé sont :
1) L’affrontement des situations anxiogènes
2) Vivre l’instant présent et non un futur imaginaire

J’ai commencé par affronter les situations les plus simples pour moi, comme dire bonjour et au revoir en allant à la boulangerie. Ça m’a rassuré de voir que j’y arrivais malgré ma peur. En répétant ces mêmes situations, j’ai vu la peur diminuer. La peur diminuant, j’ai réussi à moins redouter ces situations, à ne plus y penser une semaine à l’avance et à angoisser pour ça. J’ai pu ainsi plus vivre l’instant présent. Mais lorsque malgré tout je m’inquiétais d’une situation future, je m’efforçais de l’analyser clairement sous toutes ses coutures, voire de marquer ce qui pourrait arriver et comment je réagirais dans ce cas-là, et quelles en seraient les conséquences pour moi. Pour la plupart des situations, j’arrivais à la conclusion qu’il n’y avait pas à en avoir peur, et je pouvais ainsi y penser moins, ça diminuait mon angoisse. Pour plus de détails, je vous conseille « la peur des autres » d’André et Légeron, qui m’a d’ailleurs été conseillé sur ce forum. Je ne vous conseille pas de le lire, mais d’appliquer les conseils donnés, de faire une feuille de résumé (ou d’utiliser celle fournie à la fin du livre), d’y aller méthodiquement, et non pas d’en tirer 2-3 choses intéressantes qui seront sûrement vite oubliées.
Lutter contre la phobie sociale, c’est lutter sur plusieurs fronts. Si on ne lutte que sur un seul, les autres nous empêchent d’avancer et c’est décourageant, on n’arrive à aucun résultat.
J’ai souvent lu sur ce forum des personnes dire que l’affrontement des situations anxiogènes ne marche pas, que la peur est toujours la même à chaque fois. Je ne peux pas dire que ce soit faux car je ne suis pas psychiatre, mais André et Légeron, dans « la peur des autres », le disent pour moi. Par contre c’est certain que simplement affronter les situations anxiogènes sans autre préparation, sans accompagner ça de tout un travail sur soi, risque fort de ne donner aucun résultat, et donc de démoraliser.
Ne vous accommodez pas de votre PS, combattez-la. Je sais qu’il y en a un certain nombre dans ce groupe qui le font déjà, mais beaucoup d’autres se replient sur leur PS et essayent de vivre avec, de cohabiter avec elle. C’est une solution plus facile sur le moment, mais bien plus dure sur le long terme. Ce qui fait souffrir, ce ne sont pas les faits, mais l’interprétation que l’on en fait. Et être PS fait tout voir plus noir qu’en réalité. Ma vie, du point de vue de ceux qui me connaissent, n’a pas spécialement changé ces derniers temps. Factuellement, certaines petites choses ont changé dans ma vie, mais le plus important ce sont les changements internes. Je vois cette même vie tout différemment d’avant, car j’attache moins d’importance à ce qui est négatif, et plus au positif.

Je vous souhaite à tous non pas bonne chance mais bon courage pour sortir de la PS.