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Dossier PS / PE:
Notes de lectures a propos de la Phobie Sociale et de la Personnalité
Evitante.
Sommaire
1.
Les situations quotidiennes difficiles dans la phobie sociale
Famille
de situations |
Exemples
concrets |
Gêne
dans la vie quotidienne |
Situations
où il faut réussir une performance |
Faire
un exposé ou lire un texte face à un groupe,
passer un examen oral, un entretien d’embauche… |
On
ne peut prendre la parole dans les réunions professionnelles
ou de parents d’élèves, lire de texte lors
de cérémonies familiales ou religieuses… |
Situations
où il faut bavarder ou échanger quelques mots. |
Parler
de la pluie et du beau temps avec des voisins, des commerçants,
des collègues de travail… |
On
évite de croiser ses voisins, ou d’aller chez les
petits commerçants, on ne participe pas à
la pause-café au travail… |
Situations
où il faut se révéler ou rentrer dans
des discussions approfondies. |
Nouer
une relation durable avec quelqu’un, parler de soi, répondre
à des questions personnelles… |
On
évite les invitations, on fuit les relations amicales
ou sentimentales… |
Situations
où il faut s’affirmer |
Donner
son avis, dire que l’on est pas d’accord, répondre
à des critiques ou des remarques… |
On
ne fait jamais entendre son point de vue dans les discussions,
on ne sait pas réclamer ou faire face aux vendeurs… |
Situations
où l’on va être observé |
Manger,
boire, écrire si on nous regarde; rentrer dans un
endroit où il y a déjà du monde (transports
en commun, salle d’attente)… |
Ne
plus aller au restaurant, aux " pots ",
ne plus pouvoir rédiger un chèque ou un formulaire.
Devoir arriver en premier dans les salles de réunion… |
Tableau
tiré de : Christophe André et Patrick Légeron,
La peur des autres : trac, timidité et phobie sociale,
Editions Odile Jacob, 3e éd., p. 302
2.
Différences entre les types d’anxiétés :
le trac, la timidité, la phobie sociale et la personnalité
évitante.
|
Anxiété
bénigne,
" normale " |
Anxiété
sévère,
pathologique |
Anxiété
liée à une
situation précise |
Trac |
Phobie
sociale |
Anxiété
généra-
lisée à plusieurs
situations |
Timidité |
Personnalité
évitante |
Tirée
de Christophe André et Patrick Légeron, La peur
des autres : trac, timidité et phobie sociale, Editions
Odile Jacob, p.92
3.
Questionnaire sur les traits d’évitement :
Ce petit questionnaire ne vous dira
pas si vous avez le trouble de la personnalité évitante
mais bien si vous avez des traits d’évitement et à
les identifier. Il est normal d’avoir des traits d’évitement
quand on souffre de phobie sociale.
-
Il
m’est arrivé de refuser des invitations par peur de me
sentir mal à l’aise.
-
Ce
sont plutôt mes amis qui m’ont choisi(e) et non l’inverse.
-
Dans
la conversation, je préfère souvent me taire par
peur de dire des choses inintéressantes.
-
Si
je me suis senti(e) ridicule devant quelqu’un, je préfère
ne jamais plus le revoir.
-
Je
suis moins à l’aise en société que la moyenne
des gens.
-
Par
timidité, j’ai manqué plusieurs occasions dans
ma vie personnelle ou professionnelle.
-
Je
ne me sens à l’aise qu’en famille ou avec de vieux amis.
-
J’ai
souvent peur de décevoir les gens, ou qu’ils ne me trouvent
pas intéressant(e).
-
Il
m’est très difficile d’engager la conversation avec une
nouvelle connaissance.
-
Il
m’est arrivé plus d’une fois de prendre un peu d’alcool
ou des tranquillisants juste pour me sentir mieux avant de rencontrer
des gens.
Si
vous avez répondu OUI à l’une ou l’autre des questions,
vous connaissez quel(s) est/sont votre (vos) trait(s) d’évitement.
Tiré
de : Lelord et André, " Comment gérer
les personnalités difficiles ", p. 295
4.
Test : Evaluez votre peur des autres
Test
mis en ligne par Alain et tiré du livre "La peur des autres"
Il
est intéressant de faire ce test régulièrement,
les résultats peuvent varier.
5.
Types de personnalité évitante :
Il y aurait
deux types de personnalité évitante (Lelord et André,
" Comment gérer les personnalités difficiles) :
-
Les
grands anxieux qui arrivent à nouer des relations positives
avec quelques personnes;
-
Ceux
qui sont tout autant anxieux que susceptibles, qui ont de la
difficulté à faire confiance aux autres et
qui vivent dans une grande solitude.
Par ailleurs,
Robison dans " Disordered personailities " parle
lui aussi de 2 types d’évitants :
-
Les
grands anxieux (souvent a eu une enfance normale, les relations
parents-enfants étaient saines), ces cas profitent bien
des thérapies comportementales, de l’entraînement
aux habiletés sociales et de la désensibilisation
progressive;
-
Ceux
qui sont anxieux et susceptibles (souvent une enfance avec relations
parents-enfants malsaines, jugement des parents, attentes trop
élevées…), ces cas profitent mieux des thérapies
analytiques.
Avant de
parler de troubles de la personnalité il faut tout d’abord
atteindre l’âge adulte. Il est en effet fréquent qu’à
l’adolescence on traverse une phase se rapprochant de l’évitement.
Ce n’est qu’après plusieurs années de vie adulte que
le psychiatre peut poser un diagnostic.
6.
Types d’anxiété :
Enfin,
l’anxiété, il y aurait 3 types d’anxiété
(Lelord et André, p. 279) :
-
l’anxiété
sociale " normale " : parler en public,
solliciter un emploi, passer une entrevue…;
-
les
phobies sociales, " qui provoquent une anxiété
plus forte, et un évitement systématique de certaines
situations redoutées;
-
l’anxiété
de la personne évitante, plus insidieuse avec une crainte
presque permanente d’être jugée et rejetée "
(p. 280)
7.
La comorbidité :
Un petit
mot sur la comorbidité. Qu’est ce que la comorbidité?
La comorbidité pourrait être défini comme toutes
les pathologies qui peuvent être associées ou rencontrées
en même temps qu’une pathologie principale. Ainsi si on parle
de phobie sociale, se serait tous les autres problèmes qu’on
rencontre assez souvent chez les gens atteints de phobie sociale.
Autres
types de problèmes qui sont souvent associés à
la phobie sociale.
-
la
phobie simple (c’est la peur d’une chose en particulier – les
araignées par exemple).
-
l’agoraphobie,
il arrive qu’on souffre également de peur des espaces,
des foules, mais habituellement on émet le diagnostic
d’agoraphobie que si ce dernier prédomine.).
-
le
trouble de la personnalité évitante apparaît
lorsque la phobie sociale est très sévère
et que la crainte d’être jugée et rejetée
est presque permanente. (On peut souffrir de phobie sociale
avec des traits d’évitement, c’est-à-dire qu’on
évite les situations redoutées sans pour autant
souffrir de trouble de la personnalité).
-
l’alcoolisme,
les dépendances aux drogues, se retrouvent souvent chez
les gens souffrant de troubles anxieux car ils tentent de soulager
leur souffrance par ces substances. (A éviter car malgré
le soulagement immédiat on a un effet contraire quelques
heures plus tard).
-
la
dépression majeure est aussi fréquemment rencontrée
chez les gens qui souffrent de phobie sociale.
-
le
trouble panique lui aussi est associé à la phobie
sociale lors des épisodes de crise.
-
le
trouble d’anxiété généralisé.
Pour le
trouble de la personnalité évitante, la comorbidité
est à peu près la même que celle de la phobie
sociale.
8.
La prévalence :
La prévalence
est le nombre de cas enregistrés dans une population déterminée,
ainsi combien y a t il de phobiques sociaux (PS) dans la société?
Combien de troubles de la personnalité évitante….
Les stats quoi! Tout d’abord, avant de déterminer le nombre
de cas affectés, il faut définir ce qu’on entend par
phobie sociale ou personnalité évitante. Ainsi, on
peut lire certains rapports affirmant que la phobie sociale est
le problème le plus répandu après l’alcoolisme!
Il faut alors se demander quelle est la définition de phobie
sociale utilisée pour cette grille. S’agit-il de phobie généralisée,
de phobie simple, de phobie sociale d’une durée inférieure
à 12 mois, de phobie sociale à vie??? S’agit-il de
trouble de la personnalité évitante avec phobie sociale
et de quel type de personnalité évitante? Enfin, il
faut toujours savoir combien de cas ont servis pour l’étude
et d’où ils provenaient : population en général,
population psychiatrique… Etude réalisée pendant 1
mois sur 100 cas ou étude réalisée sur 10 ans
avec des milliers de cas pris dans la population en général.
Enfin, le pays d’où origine l’étude peut être
important également. S’agit-il de la Chine (où les
personnes timides sont considérées comme supérieures
et traitées avec respect), s’agit-il du Japon (où
l’anxiété est plus élevée…) etc… Il
nous faut donc être extrêmement prudent lorsqu’on parle
de prévalence et de statistiques. Quelle est enfin la prévalence
de la phobie sociale et/ou du trouble de la personnalité
évitante, se demande t on? Y a t il des études sérieuses
là dessus… et bien même pour les études bien
documentées les proportions varient
9.
Prévalence à vie des troubles anxieux
(%)
Troubles |
Étude
ECA* |
Enquête
NCS |
Étude
Edmonton |
Trouble
panique |
0,9
% |
3,5
% |
1,2
% |
Agoraphobie |
4,2
% |
5,3
% |
2,9 % |
TOC |
--- |
--- |
3,0
% |
Phobie
sociale |
2,8
% |
13,3
% |
1,7 % |
AG |
--- |
5,1
% |
--- |
Phobie
spécifique |
11,2
% |
11,3
% |
7,2
% |
ESPT |
--- |
7,8
% |
--- |
Aucun
TA |
10,4
%
25,1 %* |
24,9
% |
11,2
% |
*selon les données de trois des cinq aires
de recrutement de l'ECA (Epidemiological Catchment Area)
-
selon
les données de trois des cinq aires de recrutement de
l’ECA (Epidemiological Catchment Area)
-
TOC
= trouble obsessionnel-compulsif;
-
AG
= anxiété généralisée;
-
ESPT
= état de stress post-traumatique;
-
Étude
ECA = Epidemiological Catchment Area Study (Bourdon et coll.,
1988; Robins et coll., 1984);
-
NCS
= National Comorbidity Survey (Kessler et coll., 1994).
-
L’Étude
Edmonton renvoie à l’étude de prévalence
réalisée dans la ville d’Edmonton par Bland et
ses collaborateurs (1988).
Note
explicative :
Ces écarts (Enquête ECA et Étude Edmonton) ont
été attribués à la normalisation des
taux de prévalence en fonction de la population de recensement
de chaque aire de recrutement et non pas en fonction d’une population
identique (Bland et coll., 1988) ainsi qu’aux différences
observées entre les questions et les consignes données
aux intervieweurs (Robins et coll., 1984). D’après Kessler
et ses collaborateurs (1994), un certain nombre de facteurs méthodologiques
expliquent que les taux de prévalence soient plus élevés
dans la NCS que dans les deux autres enquêtes, notamment :
le recours à un échantillon national, l’accent
mis sur des sujets plus jeunes (15-54 ans), l’utilisation d’un facteur
de pondération pour tenir compte du biais de non-réponse
et l’application des critères du DSM-III-R (Manuel diagnostique
et statistique des troubles mentaux, 3e éd.) plutôt
que ceux du DSM-III. Bien que l’instrument utilisé dans
l’enquête NCS (la Composite International Diagnostic Interview
ou CIDI; Robins, Wing, Wittchen et Helzer, 1988) s’apparente à
l’instrument utilisé dans l’étude de l’ECA (le Diagnostic
Interview Schedule ou DIS; Robins, Helzer, Croughan et Ratcliff,
1981), Kessler et ses collaborateurs sont d’avis que les taux
de prévalence plus élevés mis en évidence
par l’Étude NCS sont peut-être attribuables aux différences
observées dans la formulation des questions et le degré
de détail de l’enquête.
Tiré
de : Les troubles anxieux : orientations futures de la
recherche et du traitement : Document de recherche, Santé
Canada, 1996.
http://www.hc-sc.gc.ca/hppb/sante-mentale/pubs/anxieux/index.html
10.
Article
sur la personnalité évitante :
Les évitants
Ces grands
timides que sont les personnalités évitantes éludent
les responsabilités et présentent, comme dans les
phobies sociales, la peur de parler en public, d’être regardé
pendant le travail ou les repas, d’être critiqué, de
ne pas être à la hauteur, de commettre des erreurs,
d’être rejeté. "Pourvu que personne ne s’aperçoive
à quel point je suis nul ! " s’écrient-ils. Mais,
à l’inverse, les évitants cherchent à communiquer
avec leur prochain et manifestent une grande dépendance à
l’égard des proches qui procurent un refuge. Leur territoire
est limité à des situations familières, impliquant
peu de contacts sociaux. Ils se réfugient dans un imaginaire
parfois favorisé par la consommation d’alcool ou de cannabis,
et la pathologie se complique d’états dépressifs ou
de troubles anxieux aigus nécessitant des traitements psychiatriques.
On retrouve à l’origine des personnalités évitantes
une éducation trop exigeante, des parents narcissiques et
méprisants – rien ne trouvant grâce à leurs
yeux -, des frères et sœurs moqueurs, des brimades physiques
ou morales répétées, des humiliations publiques
face aux camarades de classe. La psychanalyse et les psychothérapies
de soutien s’éternisent à force de réassurances
et parfois d’une substitution affective (transfert). Les psychothérapies
comportementales et cognitives, pourtant plus efficaces, sont souvent
évitées ou abrégées par peur de s’exposer
aux situations redoutées.
Du caractère
timide ou orgueilleux à la personnalité évitante
ou paranoïaque, la frontière est parfois ténue.
Certaines
pathologies correspondent à l’exagération de traits
de la personnalité normale
La personnalité
est ce qui caractérise un individu et rend prévisibles
son comportement, ses émotions, ses opinions, quels que soient
le moment ou le contexte. Evaluer la personnalité d’autrui
est indispensable pour choisir ses partenaires dans la vie privée
et professionnelle, pour nommer des responsables ou élire
des politiques ; la plupart du temps, l’intuition, l’expérience
et les ressources de la " psychologie ordinaire " permettent
de faire approximativement le bon choix. Certains croient devoir
recourir à la numérologie, à la graphologie,
aux signes du zodiaque, qui pourtant ne permettent pas de prédire
les conduites : le psychiatre Hans Eysenck, au cours des années
50, a démontré de façon rigoureuse, par l’analyse
factorielle, que la " psychomorphologie " et le test de
Rorschach (interprétation des taches d’encre) n’avaient aucun
pouvoir prédictif. Ces méthodes ont été
peu à peu abandonnées pour le recrutement dans les
entreprises de tous les pays développés, excepté
en France, et sont supplantées par des méthodes plus
scientifiques telles que les entretiens structurés ou semi-structurés,
les questionnaires et les échelles d’évaluation validées
par les psychologues différentialistes à partir de
modèles dimensionnels. Ces derniers, sur la base d’une analyse
factorielle, permettent de quantifier de trois à cinq facteurs
dans la personnalité, tels que la recherche de la nouveauté,
l’évitement du danger, la dépendance à l’égard
de la récompense, la détermination ou la coopération.
Les troubles
de la personnalité sont l’exagération d’un certain
nombre de traits de la " personnalité normale "
(sans caractère pathologique du point de vue de la psychologie
différentielle). Dans les versions pathologiques, cette exagération
engendre des difficultés relationnelles permanentes, non
conformes au contexte social, qui occasionnent de la souffrance
pour le sujet ou son entourage. Les conduites rigides et inadaptées
sont responsables d’échecs affectifs et professionnels à
répétition. Constitués au cours de l’adolescence,
les troubles de la personnalité persistent toute la vie.
Les psychanalystes
les nomment " névroses de caractère ", ce
qui évoque la dénomination populaire et stigmatisante
de "caractériel ", " difficile à vivre
"; ils les différencient des névroses, psychoses
et perversions parce que ces troubles de la personnalité
s’avèrent trop difficiles à soigner pour constituer
de bonnes indications de la psychanalyse.
Ces pathologies
ont donc été laissées pour compte jusqu’à
la publication du DSM, le Manuel diagnostique et statistique des
troubles mentaux de l’Association américaine de psychiatrie,
qui répertorie la totalité des symptômes psychiatriques
et les définit par des critères catégoriels
selon cinq axes descriptifs : troubles cliniques (anxiété,
dépression, abus de substances psychoactives…) ; troubles
de la personnalité et retard mental ; affection médicales
générales ; problèmes psychosociaux et environnementaux
; évaluation globale du fonctionnement.
La prévalence
des troubles de la personnalité est peu élevée
dans la population générale (environ 10 % au total)
– chacun de ces troubles n’excédant pas 2 % - mais atteint
50 à 70 % dans les populations cliniques (consultants externes
ou hospitalisés en psychiatrie).
Chez les
sujets atteints d’une maladie organique chronique, ces pathologies
de la personnalité compromettent leur prise en charge et
d’une manière générale le respect de la thérapeutique
prescrite.
Rarement
isolés, ils s’associent et interfèrent avec l’ensemble
des troubles psychiques d’un sujet (la " comorbidité
"), qu’ils contribuent à rendre résistants aux
thérapeutiques. Ils chronicisent les dépressions et
les troubles anxieux, notamment les attaques de panique, les agoraphobies,
et les troubles obsessionnel-compulsifs. Ils sont au carrefour de
tous les troubles psychiques et aggravent les perturbations du comportement
alimentaire, l’alcoolisme, le tabagisme, les toxicomanies, l’addiction
sexuelle, les conduites à risque, les violences intra familiales
ou publiques, l’absentéisme professionnel répété.
Il en résulte des coûts médico-sociaux considérables,
en plus de la souffrance psychique subie ou infligée aux
proches.
La classification
en dix personnalités-types ici présentée (issue
du DSM IV) – comme celle de la Classification internationale des
maladies (CIM 10) de l’Organisation mondiale de la santé
qui en compte huit -, ne fait pas l’unanimité, surtout en
France. Ses critères diagnostiques sont appelés à
évoluer, comme leur dénomination, ne serait-ce qu’à
cause de leur caractère stigmatisant. En effet, les personnalités
" paranoïaque ", " antisociale " ou "
borderline " ne bénéficient pas d’une bonne image
de marque.
Néanmoins,
les troubles de la personnalité intéressent de plus
en plus les professionnels de la santé mentale, car des voies
thérapeutiques nouvelles existent désormais, en cours
d’évaluation, ouvertes par la psychopharmacologie et surtout
par les psychothérapies cognitivo-comportementales actuellement
en plein essor.
Tiré
de :
http://www.sciences-et-avenir.com/hs_122/page68.html
Investigateur
principal : Programme Hospitalier de Recherche Clinique :
"Etude multicentrique contrôlée des résultats
et des processus de la thérapie cognitivo-comportementale
dans les phobies sociales". Financement PHRC : 1994-1996.
Avec J. Coudert, I. Jalencques (Clermont-Ferrand), I. Note (Marseille)
et E. Albuisson (Clermont-Ferrand)
11.
La phobie scolaire :
LÉGENDE
ET MYTHE DE LA PHOBIE SCOLAIRE
Titre:
The legend and the myth of school phobia
Auteurs: Kearney,
Christopher A., Eisen, Andrew R., Silverman, Wendy K.
Source: School
Psychology Quaterly, Vol. 10, p.65-85 (1995)
Résumé
par :Par: Louise Trudel, psychologue Commission scolaire Morilac
La phobie
scolaire est un trouble de comportement de l'enfance et de l'adolescence
qui touche environ 5 % de cette population. Il en existe plusieurs
définitions, mais on s'accorde à dire que les caractéristiques
principales sont l'évitement scolaire et la peur irrationnelle
liés à un stimulus scolaire ou la peur d'être
séparé des parents. Les auteurs questionnent les limites
et l'utilité d'un tel diagnostic.
La notion
de phobie scolaire a fait son apparition dans la littérature
dans les années 40. À cette époque, on a interprété
le refus scolaire comme résultant d'une angoisse de séparation
des figures parentales, surtout de la mère, parce que la
relation mère-enfant aurait été symbiotique.
C'était la grande époque de l'école psychodynamique.
Dans les années 60, le béhaviorisme a redéfini
le concept comme étant "un comportement d'évitement
motivé par une peur intense de la situation scolaire et maintenu
par des renforcements secondaires". La phobie scolaire est devenue
une phobie simple spécifique. Toutefois, bien que les 2 conceptions
(psychodynamique et behaviorale) n'aient jamais été
conciliées dans une même définition, les cliniciens
et les chercheurs les interchangent. Selon les DSM-III et IV, le
refus de fréquentation scolaire peut être diagnostiqué,
soit comme un trouble d'angoisse de séparation (Separation
Anxiety Disorder) ou soit comme une phobie simple spécifique.
De cette labilité diagnostique résulte une confusion
dans les études portant sur les phobies scolaires. Ces mêmes
études présentent plusieurs faiblesses au plan méthodologique.
On ne peut donc généraliser les résultats obtenus,
surtout en ce qui concerne une réelle angoisse d'être
séparé du milieu familial.
Les auteurs
questionnent l'appellation de phobie scolaire et se demandent si
c'est bien une phobie i.e. une peur excessive, irrationnelle et
spécifique, provoquant des comportements d'évitement.
Dans une étude antérieure (1993), ils ont tenté
d'évaluer l'intensité de la peur d'enfants refusant
d'aller à l'école et l'ont comparée à
celle d'autres enfants. Les résultats obtenus indiquent que
ces enfants rapportent avoir davantage peur d'aller à l'école
que les autres, mais ils n'indiquent toutefois pas une peur excessive
comme l'exige le diagnostic d'une phobie. De plus, on retrouve chez
ce groupe d'autres peurs de même intensité (ex. : la
mort, les incendies, aller à l'hôpital, les cauchemars)
qui ne sont pas considérées comme des phobies par
les cliniciens.
Plusieurs
auteurs des années 80 et 90 croient que l'anxiété
générale est prédominante chez ce groupe d'enfants.
La peur de l'école ne serait donc pas la caractéristique
principale de cette population. En fait, ces enfants vivraient plutôt
des affects négatifs (anxiété, dépression,
baisse de l'estime de soi) qu'ils relieraient au monde scolaire.
Le terme
"phobie scolaire" est requestionné également, puisque
selon la définition du terme "phobie", la peur doit être
liée à un objet spécifique. Or, l'école
est un ensemble de stimuli. Savoir qu'un enfant a une phobie scolaire
donne peu d'informations sur l'objet de sa peur. À partir
de données recueillies auprès d'enfants, de parents
et de cliniciens, les auteurs avancent l'idée que, plus qu'un
objet tangible spécifique, ces enfants craindraient les situations
sociales et craindraient d'être jugés, évalués,
de ne pas être appropriés devant les autres. Plutôt
que de parler de phobie scolaire, il serait plus approprié
de parler d'un "évitement d'un stimulus provoquant un état
émotif négatif ou d'une situation sociale-évaluative
aversive dans le cadre scolaire".
À
partir de ces données sur la phobie scolaire, les auteurs
proposent de porter une attention particulière à l'évaluation
de l'anxiété et de la dépression ainsi qu'aux
événements scolaires de nature sociale-évaluative
plutôt que d'axer l'évaluation sur la peur de l'école.
Ils suggèrent de mener une évaluation attentive et
détaillée de cette population afin d'identifier la
fonction spécifique du refus scolaire et de pouvoir ainsi
déterminer des objectifs pertinents de traitement. Il s'agit
d'abord d'effectuer un dépistage des enfants vivant des craintes
à fréquenter l'école pour identifier les cas
où le refus scolaire résulte d'un autre problème
(ex. : dépression sévère, comportement d'opposition,
trouble d'apprentissage). Dans les cas où le refus scolaire
est la difficulté première, il s'agit de discriminer
ceux qui évitent un stimulus provoquant en eux un état
émotif négatif de ceux qui désirent éviter
une situation sociale-évaluative. Les auteurs recommandent
d'employer une variété de procédures pour corroborer
ce diagnostic (entrevues et questionnaires à l'enfant, aux
parents et aux enseignants). Cette façon de procéder
permet d'obtenir un portrait détaillé de l'enfant,
ce qui est beaucoup plus aidant pour le traitement que ne l'est
le diagnostic de phobie scolaire. Le traitement prescrit doit découler
directement du portrait obtenu.
- Pour
les enfants qui cherchent à éviter un stimulus provoquant
en eux un état émotif, les auteurs suggèrent
une thérapie basée sur la désensibilisation
systématique et immédiate (dans les cas aigus) ou
une exposition graduelle à la situation scolaire. Pour plusieurs
de ces enfants, le sentiment d'inconfort n'est pas relié
à un stimulus particulier. Des techniques de relaxation peuvent
être enseignées et, dans les cas extrêmes, une
médication anxiolytique ou antidépressive peut être
prescrite.
- Dans
les cas d'aversion sociale-évaluative, les auteurs suggèrent
des jeux de rôles pour développer les habiletés
sociales et une thérapie cognitive pour travailler les distorsions
de la pensée (ex. : peur d'être ridicule, d'être
rejeté, de décevoir parents et enseignants).
- Pour
les enfants dont le refus scolaire est un moyen d'obtenir de l'attention,
l'intervention est faite auprès des parents, sous forme d'entraînement
à certaines habiletés (ex. : renforcement des comportements
scolaires appropriés, mise en place de règles claires,
retrait de l'attention pour les comportements inacceptables).
- Enfin,
dans les cas d'enfants qui refusent d'aller à l'école
parce qu'ils obtiennent des renforcements positifs tangibles, les
auteurs recommandent une thérapie familiale et la mise en
place de contrats. L'intervention doit viser à réduire
le conflit familial, à augmenter les incitations à
la fréquentation scolaire et à diminuer les renforcements
positifs du refus scolaire.
Il est
évidemment possible de rencontrer des cas mixtes, il faut
alors en tenir compte dans le plan de traitement proposé.
Ce
dossier a été réalisé par Macha.
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